dimanche 27 septembre 2015

SYRIE. "Les Russes sont devenus nos frères, bien plus que beaucoup d'Arabes"

Depuis des semaines, la présence russe a été renforcée en Syrie avec des avions de combat, des systèmes de défense aérienne et des équipements modernes, dont une partie est cédée à l'armée syrienne en guerre contre les djihado-sionistes depuis plus de quatre ans.


Dans le hall de l'ex-hôtel Méridien de Lattaquié, cinq Russes, particulièrement athlétiques, sont attablés au milieu de familles syriennes en congé pour la fête musulmane d'Al-Adha. "Nous sommes des visiteurs, un point c'est tout", dit l'un d'eux.   
Le dos couvert de tatouages dont une grande croix, lui et ses camarades pianotent sur leur téléphone portable. Lorsque le journaliste de l'AFP persiste à poser des questions, un autre Russe lui signifie qu'il faut cesser de les importuner.
 
"Je n'ai pas le droit de vous dire qu'il y a des Russes ici, mais c'est visiblement pas des touristes", affirme un responsable de l'hôtel de la ville de Lattaquié située dans l'ouest de la Syrie ravagée par la guerre.
"On dit que ce sont des pilotes d'avions-cargos. Les seuls touristes que nous avons sont des Syriens", ajoute-t-il.
Pourtant, dans cette cité balnéaire favorable au pouvoir de Bachar al-Assad, l'arrivée annoncée par les médias internationaux de militaires russes est particulièrement bien accueillie.
"Chaque matin, de 6 à 7 heures, je vois plusieurs avions russes voler et vraiment je me sens rassuré", dit Ahmad, 50 ans, qui habite tout près de l'aéroport civil et militaire Bassel Al-Assad à Hmeimim, au sud de Lattaquié.
Pour un expert militaire syrien à Lattaquié, qui a tenu à garder l'anonymat, "tout le matériel ultrasophistiqué est opéré par les Russes, comme le guidage des drones. C'est eux qui entraînent les pilotes syriens et sont aux commandes".

Des frères

"Il y a trois jours deux roquettes sont tombées sur l'aéroport. Les Russes ont aussitôt détecté la source de feu et deux avions ont décollé pour la réduire à néant à 20 km de la base", en territoire rebelle, ajoute-t-il.
A l'exception d'un soldat en faction, aucune activité n'était visible à l'extérieur du complexe militaire syrien d'Al-Sanobar, situé dans une forêt de pins au nord de l'aéroport.
En tout cas, la présence russe est au centre de toutes les conversations.
"C'était des amis et ils sont devenus des frères, bien plus que beaucoup d'Arabes. Avant, la Russie nous défendait diplomatiquement maintenant elle nous protège militairement", assure Rima, étudiante de 25 ans.
"Rien de plus merveilleux le matin que de boire son café et de fumer un narguilé sur mon balcon en entendant le bruit des avions russes", affirme Nafaa, un commerçant de 46 ans, qui habite Sharashir à 3 km de l'aéroport.
Attablé dans un café du quartier de Cheikh Daher, Fady, un ingénieur de 40 ans, est aussi chaud partisan de la Russie. "Je suis laïc et j'appartiens à une minorité religieuse. C'est la meilleure chose qui puisse arriver, car les Russes vont empêcher les terroristes islamistes d'avancer et peut-être vont-ils même réussir à les repousser".

Un 'tournant'

Lattaquié est au cœur du pays alaouite, la secte hétérodoxe à laquelle appartient M. Assad. Elle compte 400.000 habitants, dont la moitié est alaouites. Les terroristes islamistes sunnites d'Al-Qaïda tiennent la province limitrophe d'Idleb, à l'est. (...)
   L'implication militaire russe est un "tournant", a déclaré à l'AFP un haut responsable syrien. "La Russie entend montrer qu'il n'y a pas de solution sans Bachar al-Assad et qu'il faut impliquer son armée dans la lutte contre Daech".
Pour lui, "Moscou veut rappeler aux États-Unis que ses relations avec la Syrie datent d'il y a plus de 50 ans et que ce pays est dans sa zone d'influence. C'est aussi un message aux pays de la région que la Russie entend y redevenir un acteur principal".

Source : AFP

Le leader kurde syrien: la chute d’Assad serait "une catastrophe pour tous"

Le président du PYD, le parti kurde syrien, Salem Muslim explique que, sans être un soutien féroce de Bachar el-Assad, l'avancée de Daech sur Damas représente une bien plus grande menace que celle de l'armée syrienne.
«Si le régime s'effondre en raison des salafistes [islamistes fondamentalistes] ce serait une catastrophe pour tout le monde» a déclaré Salem Muslim, le leader kurde de Syrie, au journal britannique The Indepedent.
Une affirmation qui a d'autant plus de poids que le PYD (le parti kurde de l'union démocratique) et son président font partie des citoyens syriens qui réclamaient le départ du président Bachar el-Assad et son remplacement par une alternative «plus acceptable».
L'homme perçoit comme «un grand danger» l'avancée du groupe terroriste Daech sur Damas, une menace plus grande que celle que peut représenter l'armée syrienne pour son peuple. D'ailleurs, lors d'une récente attaque du groupe terroriste sur la ville de Hassaké, dans le nord du pays, les unités de protection du peuple (YPG) -bras armé du parti kurde- se sont retrouvées sous le feu de Daech aux côtés des soldats loyalistes.
«Notre objectif principal est la défaite de Daech. Nous ne pouvons pas nous sentir en sécurité dans notre maison aussi longtemps qu'il y aura des combattants de Daech encore en vie» affirme Salem Muslim.
Ce dernier estime d'ailleurs que la menace ne vient pas seulement des adeptes du faux Califat du faux al-Bagdhadi, et de citer les groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda tels que le Front al-Nosra ou Ahrar al-Sham (soutenu par l'Arabie Saoudite) car dit-il: «ils ont tous la même mentalité».
Les Kurdes sont devenus en quelques mois des acteurs essentiels de cette guerre (menée par le terrorisme islamiste, allié de l'impérialisme et du sionisme, contre le peuple syrien), reprise de la ville de Kobané mettant fin à un siège de quatre mois et demi, un peuple qui lutte aussi contre Daech en Irak. Certaines femmes yézidies ayant même décidé de prendre les armes aux côtés des Pershmergas.
Aussi, si Salem Muslim affirme qu'il veut toujours le départ de Bachar el-Assad, il est aussi très clair qu'il n'est plus son ennemi numéro 1.

Source: Russia Today