mardi 8 septembre 2015

USA. La victoire des "non-humains"



«...Essayez d'imaginer ce qui est arrivé à l'Amérique pour que des professeurs de droit de Harvard et Berkeley créent des justifications légales à la torture et à l'assassinat extra-judiciaire, et que les présidents américains se livrent à ces crimes odieux. Il est clair que l'Amérique est exceptionnelle dans son immoralité, son manque de compassion humaine, son mépris de la loi et de son document fondateur...

Barron, Bybee, Yoo, et Bradford sont membres d'une nouvelle espèce : les non-humains fécondés par le ventre immonde de l'environnement toxique américain fait d'arrogance, d'orgueil, et de paranoïa.»  
Paul Craig Roberts

La descente de l’Amérique dans la violence totalitaire s’accélère. Comme le régime de Bush, le régime Obama a un penchant pour récompenser les fonctionnaires du Département de la Justice(sic)  qui piétinent partout autour d’eux la Constitution américaine. L’année dernière, le premier président noir des États-Unis a nommé David Barron au poste de juge à la Première cour d’appel du circuit de Boston US.
Barron est responsable du mémo du Département de la Justice(sic) qui a donné l’aval juridique à Obama pour assassiner un citoyen américain avec un missile tiré depuis un drone. L’exécution a eu lieu sans accusations présentées à un tribunal, sans procès ni condamnation. La cible était un homme religieux dont les sermons ont été considérés comme paranoïaques par le régime d’Obama car ils auraient encouragé le djihadisme. Apparemment, il n’est jamais venu à l’idée d’Obama ou du Département de la Justice(sic) que l’assassinat et le déplacement de millions de musulmans dans sept pays, par Washington, était tout à fait suffisant pour encourager le djihadisme. Les sermons étaient redondants et devraient susciter peu indignation, autre que morale, après des années d’assassinats en masse par Washington dans la poursuite de son hégémonie au Moyen-Orient.
La confirmation de Barron a heurté certains républicains, certains démocrates, et l’Union américaine des libertés civiles, mais le Sénat américain a confirmé Barron par un vote de 53-45 en mai 2014. Pensez seulement à cela, vous pourriez être jugé, dans l’Amérique de la liberté et de la démocratie, par un monstre qui a légalisé l’assassinat extra-judiciaire.
En attendant sa récompense, Barron avait un poste à la faculté de la Harvard Law School, qui vous dit tout ce que vous devez savoir sur les écoles de droit. Sa femme s’est présentée pour être gouverneur du Massachusetts [mais pas élue, NdT]. Les élites sont occupées à plein temps pour remplacer la loi par leur pouvoir.
L’Amérique a maintenant un juge de cour d’appel, qui sera sans aucun doute bien soigné pour atteindre la Cour suprême, et qui a créé le précédent en droit américain que, malgré la Constitution, des citoyens américains peuvent être exécutés sans procès.
Les facultés de droit ont-elle objecté? Pas David Cole, professeur de droit à l’université de Georgetown, qui a approuvé avec enthousiasme le nouveau principe juridique de l’exécution sans procès. Le professeur Cole s’est lui-même mis sur la liste du Département de la Justice(sic) pour les possibles nominations judiciaires fédérales en déclarant son soutien à Barron, qu’il a décrit comme «réfléchi, attentionné, ouvert d’esprit, et brillant».
Une fois qu’un pays plonge dans le mal, il n’en ressort pas. Le précédent pour la nomination de Barron par Obama a été la nomination, par George W. Bush, de Jay Bybee Scott à la Cour d’appel des États-Unis pour le neuvième circuit. Bybee était le collègue de John Yoo au Département de la Justice(sic), celui qui a co-rédigé les notes de service légales justifiant la torture, malgré la loi statutaire fédérale américaine et le droit international qui interdisent la torture. Tout le monde savait que la torture était illégale, y compris ceux qui la pratiquent, mais ces deux monstres ont fourni un passeport juridique aux praticiens de la torture. Même Pinochet au Chili n’est pas allé aussi loin.
Bybee et Yoo se sont débarrassés de la torture en l’appelant techniques d’interrogatoire améliorées. Comme le rapporte Wikipedia, ces techniques sont considérés comme des actes de torture par Amnesty International, Human Rights Watch, les experts médicaux qui traitent les victimes de la torture, des responsables du renseignement, les alliés de l’Amérique, et même par le Département de la Justice (sic) .
D’autres se sont opposés au passeport délivré à la torture par Bybee et Yoo. Il y avait le Secrétaire d’État Colin Powell, l’avocat général de l’US Navy Alberto Mora, et même Philip Zelikow, qui a orchestré, pour le régime de Bush, la dissimulation des événements du 9/11 par la Commission d’enquête.
Après cinq années d’atermoiements, le Bureau de la responsabilité professionnelle au ministère de la Justice(sic) a conclu que Bybee et John Yoo son adjoint ont commis une «faute professionnelle» en fournissant des conseils juridiques qui étaient en violation avec les lois internationales et fédérales et il a recommandé que Bybee et Yoo soient renvoyés devant les barreaux des États où ils exercent pour des mesures disciplinaires et une possible radiation.
Mais Bybee et Yoo ont été sauvés par un juge(sic) complaisant du Département de la Justice(sic), David Margolis, qui a conclu que Bybee et Yoo avaient fait preuve d’un mauvais jugement, mais n’avaient pas fourni des conseils juridiques à tort.
Donc, aujourd’hui, au lieu d’être radié, Bybee est bien installé dans un tribunal fédéral juste en dessous de la Cour suprême. John Yoo enseigne le droit constitutionnel à l’Université de Californie, Berkeley, Faculté de droit, Boalt Hall.
Essayez d’imaginer ce qui est arrivé à l’Amérique quand des professeurs de droit de Harvard et Berkeley créent des justifications légales pour la torture et l’assassinat extra-judiciaire, et quand les présidents américains se livrent à ces crimes odieux. Il est clair que l’Amérique est exceptionnelle dans son immoralité, son manque de compassion humaine, son mépris de la loi et de son document fondateur.
Hitler et Staline seraient étonnés de la facilité avec laquelle le totalitarisme s’est installé dans les institutions américaines. Maintenant, nous avons un professeur de droit à West Point qui donne les justifications militaires pour le meurtre des universitaires et des journalistes américains qui critiquent la guerre contre le terrorisme et l’État policier, et qui sont présentés comme une cinquième colonne. C’est aussi . Quant à l’article du professeur, il est .
William C. Bradford, ce professeur qui enseigne à nos futurs officiers militaires qu’ils doivent considérer les Américains moraux comme des menaces à la sécurité nationale, accuse le journaliste Walter Cronkite d’être responsable de la déroute lors de  l’offensive du Têt, pendant la guerre du Vietnam, en présentant celle-ci comme une défaite américaine. Têt était une défaite américaine en ce sens que l’offensive a prouvé que l’ennemi vaincu était capable d’une offensive massive contre les forces américaines. L’offensive a réussi dans le sens où elle a démontré aux Américains que la guerre était loin d’être terminée. L’implication de l’argument de Bradford est que le journaliste aurait du être tué pour ses émissions qui ont ajouté aux doutes sur le succès américain.
Le professeur affirme avoir une liste de 40 personnes, disant la vérité, qui doivent être exterminées, sinon notre pays est perdu. Ici, nous avons la pleine confession que la politique de Washington ne peut pas survivre au dévoilement de la vérité.
Je ne suis au courant d’aucune information disant que le professeur a été censuré ou congédié pour son manque de respect envers le droit à la liberté d’expression protégé par la Constitution. Cependant, j’ai vu des rapports de professeurs détruits parce qu’ils ont critiqué les crimes de guerre d’Israël, ou utilisé un mot ou un terme interdit par la rectitude politique, ou avaient insuffisamment apprécié les privilèges des minorités protégées.
Tout ce que cela nous dit est simplement que la moralité est détournée en agenda égoïste tandis que le mal accable la moralité de la société.
Bienvenue dans l’Amérique d’aujourd’hui. C’est un pays où les faits sont réinterprétés comme de la propagande ennemie, un pays dans lequel les dénonciateurs légalement protégés sont redéfinis comme une cinquième colonne ou comme agents étrangers destinés à l’extermination, un pays qui est à l’abri de la critique où tous les crimes sont imputés à ceux que Washington a l’intention de contrôler.
Barron, Bybee, Yoo, et Bradford sont membres d’une nouvelle espèce : les non-humains fécondés par le ventre immonde de l’environnement toxique américain fait d’arrogance, d’orgueil, et de paranoïa.
Par Paul Craig Roberts – Le 3 septembre 2015 – Source counterpunch
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone