mardi 4 novembre 2014

Renseignement syrien : "l'œil perspicace" d'Assad !!



Avant que la Syrie ne fasse l'objet d'une offensive militaire d'envergure internationale, son renseignement était réputé d'être l'un des meilleurs de la région. Depuis plus de trois ans, on en parle très peu, mais leur action exemplaire ne cesse de déteindre sur le cours des combats ainsi que sur la situation sécuritaire.
Mais de quelles parties est formé cet " œil vigilant " d'Assad ? Cet article vise à éclairer brièvement le lecteur sur la performance qui a été celle du renseignement syrien dans la lutte totale que mène un État indépendant (Syrie) contre l'internationale terroriste.
Le renseignement syrien est composé de 4 sections :
1)    l'organisation de la sécurité politique: elle est chargée de surveiller les opposants internes et les diplomates étrangers en poste en Syrie
2)    l'organisation de la sécurité générale: c'est une section hybride composé de l'organe de la sécurité intérieure, de l'organe de la sécurité extérieur , de l'organe chargé de surveiller les groupes palestiniens présents en Syrie et au Liban
3)    l'organisation du renseignement militaire : son bureau situé au ministère de la défense a pour charge le soutien logistique et militaire des groupes pro Assad et de la Résistance en Turquie, en Palestine, au Liban .
4)    l'organisation du renseignement aérien, qui, en dépit de son nom, n'a pas grand rapport avec l'Armée de l'Air syrienne. C'est l'un des secteurs les plus efficaces et les plus redoutables du renseignement syrien dont la création remonte aux années 70. Ce secteur identifie les éléments liés aux Frères musulmans, aux takfiris et aux autres terroristes islamistes. Au niveau étranger, cette section a pour tâche de soutenir les groupes politiques proches de la Syrie.
Tous ces secteurs se sont avérés d'une efficacité à toute épreuve depuis 2011 : dans un article, le centre d'études militaires et du renseignement allemands mentionne les noms des services de renseignements de 16 pays étrangers actifs depuis trois ans en Syrie. « Sur ces 16 pays, 11 ont travaillé contre Assad, dont les suivants : USA, France, Allemagne, Grande Bretagne, Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Liban, Jordanie, Emirats arabes unis. Sur ces 16 organisations, seulement cinq ont collaboré avec Assad : les services de renseignement russe, iranien, chinois, irakien, et le renseignement du Hezbollah ».

Les occidentaux demandent à coopérer avec les services syriens

Les Américains eux-mêmes se trouvent obligés de dialoguer en sous-main avec Damas pour survoler son espace aérien. Ils constatent que personne n'est mieux renseigné sur DAESH que les Syriens, et par ricochet, les Russes et les Iraniens. Certaines informations leur sont données par les Syriens afin de mieux cibler les concentrations de DAESH. Par ailleurs, ils se rapprochent de l’Iran pour combattre l’avancée de l’EI/Daesh. Et l’on trouve actuellement, aux côtés des Kurdes syriens et irakiens, des instructeurs allemands, américains, français… et iraniens.
Et la France dans tout cela ?

L’enquête de Jacques Follorou publiée dans Le Monde daté du lundi 6 octobre parle de « schizophrénie »  : « la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a tenté, à la fin du premier trimestre 2014, selon les informations du Monde, de rétablir un lien direct avec les services de renseignement syriens afin d’obtenir des informations permettant d’anticiper les éventuelles menaces ». Mais la Syrie a conditionné le rétablissement de ce lien par la réouverture de l’ambassade de France à Damas, ce qui apparaît inacceptable au Mamamouchi mou élyséen. Cependant, la France n’a pas toujours connu ces préventions morales : après la première guerre du Golfe, à laquelle elle avait participé, elle n’hésitait pas à prendre langue avec les services secrets irakiens. Elle n’a toujours aucun souci, aujourd’hui, avec les monarchies pétrolières et leurs services de renseignement. La France possède des ambassades dans ces pays peu démocratiques, qui passent leur temps à enfermer leurs opposants, couper têtes et membres au sabre ou encore tirer sur des manifestants désarmés.
L’article précise par ailleurs que les Allemands, tout comme les Ricains, n’ont pas ce genre de préventions et que les services français doivent passer par l’Allemagne pour obtenir des informations.

Le renseignement syrien fait du bon boulot

L’un des objectifs les mieux réalisés du renseignement Syrie a consisté à empêcher la concentration des forces spéciales ennemies à travers le territoire syrien.  Mike Krever, rapporteur de CNN, relevait dans son rapport daté du premier juillet 2014, la colère incommensurable de Turki Fayçal face à cette franche victoire.
Le renseignement s'est aussi distingué par ses très exactes prévisions : il a prévu un retour massif des terroristes en Occident, une déstabilisation progressive de l'Europe et de tous les voisins syriens qui participeraient à la guerre contre la Syrie.
Parmi leurs exploits, on pourrait citer ces querelles interminables qui déchirent les rangs des milices, ce qui les élimine pour de bon suivant un processus d’auto destruction, et ce, au profit de l’armée nationale.
Mais le renseignement syrien reconnaît désormais sa grande faille : son incapacité à créer des contre vérités médiatiques, capables de faire face aux campagnes médiatiques lancées par les médias occidentaux et les médias compradores des pétromonarchies, passés maîtres dans l’art de la guerre psychologique. C’est à cette faille que l’œil vigilant d’Assad devra désormais travailler.

Autre fait remarquable, devinez qui, aux yeux des USA, dispose des meilleurs services du renseignement pour combattre l’État islamique ? La Syrie bien sûr. 
Mais comme il est (encore) interdit de collaborer officiellement, l’arrangement passe pour de l’espionnage :
Des espions américains ont mis sous écoute le régime du président Bachar al-Assad afin d’obtenir de l’information au sujet des militants de l’État islamique.

Les USA ne peuvent pas mettre sous écoute les communications du gouvernement syrien au sujet de l’EI, sans l’assentiment du gouvernement syrien (et russe).
Le plan diabolique des USA et d'Israël était de laisser une partie de ses ennemis, à savoir les Syriens, les Iraniens et les Russes  se battre contre une autre partie de leurs "amis / ennemis" que sont les islamistes radicaux et, par procuration, les Saoudiens et les Qataris.  

Tous en ressortiraient affaiblis, ce qui renforcerait le rôle des USA au Moyen-Orient.

Sauf que le ressac créé par DAESH en Syrak, et qu’il créera probablement ailleurs par la suite, rend de plus en plus hasardeux les plans américains.

Hannibal GENSERIC