lundi 13 octobre 2014

TUNISIE : pour qui roule le journaliste de M6, Bernard de La Villardière ?

Même si beaucoup de tunisiens s’en doutaient, « Le Trésor caché du dictateur » diffusé dimanche sur M6 devait être une enquête objective et surtout politiquement neutre. Le public tunisien a eu droit à un film de propagande à la gloire des islamistes et de leur larbin, Moncef Marzouki. Dès la fin de l’émission, les Tunisiens, que certains prennent encore pour des imbéciles, se sont déchainés dans les réseaux sociaux dénonçant une opération de communication commanditée par Ennahda et le CPR. Qu’en est-il exactement ? Voici la contre-enquête exclusive de Tunisie-Secret.

Bernard de La Villardière en mission de vernissage auprès du caniche des Frères musulmans en Tunisie.
Bernard de La Villardière en mission de vernissage
auprès du caniche des Frères musulmans en Tunisie.
En termes de manipulation et de message subliminal, l’ATCE [1] n’aurait pas fait mieux pour récurer un régime honni par les tunisiens. Il s’agit bien évidemment du régime « islamiste modéré » qui gouverne de fait la Tunisie depuis l’imposture électorale du 23 octobre 2011. Pour quelles raisons Bernard de La Villardière, un journaliste pourtant compétent et honnête, s’est-il transformé en flagorneur de Moncef Marzouki, qui plus est en pleine campagne électorale ? Savait-il que le même Marzouki avait inscrit son nom dans le sinistrement célèbre « Livre noir » des journalistes tunisiens et étrangers qui ont servi le « régime corrompu » de Ben Ali (page 147 de ce livre)? Ironie du sort, paradoxe ou changement dans la continuité ? Savait-il que le juge qu’il a interrogé et qui est chargé de restituer au « peuple » l’argent volé par les gendres de Ben Ali, un certain Mohamed Askri, s’y connait très bien en matière de corruption et était même un proche de Belhassen et Moncef Trabelsi ?

Le document d’Enquête exclusive a été revu et corrigé

Ce qui semblait déjà bien suspect pour l’opinion tunisienne, c’est le timing de l’émission. Pourquoi un sujet réchauffé sur «Le Trésor caché du dictateur » à seulement treize jours des élections législatives tunisiennes ? La fiction hollywoodienne du coffre bourré de liasses de billets fraichement délocalisées de la Banque centrale vers le palais de Sidi Dhrif avait déjà frappé les esprits et produit ses effets attendus sur le plan politique et électoral en octobre 2011. La question du pourquoi maintenant est d’autant plus troublante que le film de Sidi Dhrif, réalisé par Kamel Eltaïef et sponsorisé par les services américains, a été remis en cause par un certain nombre de témoins oculaires et de protagonistes, y compris par Farhat Rajhi, le ministre de l’Intérieur au moment des faits.
Pourquoi maintenant, alors que selon nos informations, l’Enquête exclusive du présentateur de l’émission, Bernard de La Villardière, sous la direction de Vincent Nouzille, a été réalisée depuis mai 2013 ? Etait-ce la même enquête ou a-t-elle été revue et corrigée à la demande de Moncef Marzouki et de ses alliés islamistes pour des raisons bassement électoralistes ?
Notre contre-enquête exclusive révèle que Bernard de La Villardière s’est rendu à Tunis en septembre 2014 après des tractations avec deux proches conseillers de Moncef Marzouki. Admettons que pour des raisons commerciales et d’audimat –« Le Trésor caché du dictateur » étant un sujet à sensation et vendeur- la société productrice d’Enquête exclusive dont le siège se trouve à Boulogne Billancourt, à savoir « Patrick Spica Productions » (PSP), ait voulu rafraichir son document. Dans ce cas, pourquoi les trente dernières minutes de cette enquête vraiment exclusive, plutôt que de rester dans le sujet (la spoliation et le détournement de l’argent), ont-elles tournées à une opération de communication vantant les mérites d’un président « atypique », « humble » et « modeste », qui ne garde pas pour lui les cadeaux qu’on lui offre, qui ne porte pas de cravate par démarcation de l’ancien locataire de Carthage et qui a ouvert le palais présidentiel au peuple, alors qu’il lui était interdit sous Bourguiba et Ben Ali ?

Bernard de La Villardière a commis une faute grave

De sources proches des réalisateurs d’Enquête exclusive, nous savons par ailleurs que Vincent Nouzille, l’auteur de ce document vendu à M6, qui est journaliste d’investigation et écrivain, n’était pas du tout d’accord avec Bernard de La Villardière pour modifier in extremis le document en question. Idem pour Jean-Michel Tricot, le directeur de la rédaction de l’émission. Modifier un document vieux d’une année n’est pas condamnable en soi. Mais l’infléchir dans un sens nettement favorable à un candidat à sa propre succession est une faute grave et un manquement à la déontologie. Présenter la Tunisie sous les couleurs du modèle parfait du « printemps arabe » sans interroger les autres partis ou personnalités en compétition dans ces élections législatives et présidentielles, c’est faire preuve de parti pris manifeste. 
 villardiere
Toujours selon des sources proches des réalisateurs de cette enquête très exclusive, l’intention était de donner une bonne image de la Tunisie d’autant plus que l’économie du pays et plus particulièrement le secteur touristique ont souffert d’une couverture médiatique française alarmiste quant à l’islamisation de la Tunisie et aux périls terroristes. On veut bien le croire ! Mais qu’on nous explique alors pourquoi la ministre du Tourisme, Amel Karboul, a-t-elle été censurée du document final, alors que Bernard de La Villardière l’avait rencontré et longuement interviewé ?
La phrase par laquelle Bernard de La Villardière a conclu son publi-reportage en dit long sur les visées politiques et électorales de cette enquête très exclusive. Après avoir loué le bon modèle tunisien et lustré l’image de l’usurpateur de Carthage et imposteur des droits de l’homme, notre journaliste militant a conclu : « Les Tunisiens sont appelés dans les jours qui viennent à confirmer ce modèle de société » !
Comme l’ont écrit nos confrères de Business News, « L’impression, qui prévaut après cette enquête-reportage, est qu’on a été floué par un contenu alléchant présenté juste en ce moment de campagne électorale. On en sort avec l’idée que M. Marzouki et, avec lui, le CPR sortent grandis de cette émission ayant attiré les téléspectateurs. Ce qui pousse les observateurs à se poser des questions quant à l’intérêt de la chaîne française à diffuser cette émission, en pareille date. Ces doutes sont confirmés par l’approche choisie et par le choix des intervenants. L’enquête est-elle, alors, spontanée et professionnelle ou est-elle commandée ? »

Les manipulateurs ont sous-estimé la maturité de l’opinion tunisienne

Nous terminerons cette contre-enquête exclusive par ces quelques réactions sur facebook, qui ont été publié par nos autres confrères de Tunisie-Focus à peine une heure après la diffusion d’Enquête exclusive sur M6.
« L’ATCE de Ben Ali est de retour ? M6 obtient toutes les autorisations nécessaires partout ou personne n’a pu rentrer. Faut il en rire ou condamner? Il y en a même pour le lustrage de l’image de tartour Marzouki. Disons juste que c’est trop ridicule et que nous sommes vaccinés ».
« M6 parle d’un passé…Sous la dictature…Elle oublie ( ou fait semblant) qu’il y a pire aujourd’hui ..Un pays sous occupation et mis à plat par les nouveaux trabelsiyas ,en l’espace de 3 ans seulement ! Oserait -elle enquêter ?! »
« Admirez le discours hautement démocratique de Tartour sur son spot de campagne M6:  » ce pays est à tout le monde, on est contre l’exclusion. Alors on a rejeté l… »
« Hhhhh ! M6 a fait campagne pour qui vous savez…? Le timing n’est pas gratuit…Vive « le printemps »..Leur printemps !! »
« Enquête exclusive  » …Pourquoi 4 ans après ? …Pourquoi ce timing précis ? Pour le compte de qui ? Qui a payé et combien?!…En tous cas les tunisiens sont loin d’être des enfants de chœur ».
« La VRAIE enquête à faire maintenant; Qui a payé M6 et combien ça a coûté ce torchon de propagande électorale ?!! »
Enfin, ce post de Halim Allouche :
 « Bonjour, je suis bien chez M6? 
- Bonjour monsieur. Oui, tout à fait. Que puis-je faire pour vous? 
- Je m'appelle Mohamed Moncef Marzouki. C'est pour passer commande. 
- Oui, bien sûr. Vous avez des recommandations particulières? 
- Oui, justement. je veux un reportage en deux parties. Vous me diabolisez le clan Ben Ali dans la première partie et vous me dressez un portrait flatteur dans la deuxième. 
- Et pour le payement? 
- Comme d'habitude. La Qatar Foundation se chargera des frais du reportage ».

En dépit de leur excès, ces commentaires dénotent l’exaspération des internautes tunisiens qui ne sont plus disposés à se faire manipuler comme en janvier 2011, ou en octobre 2011. Ils indiquent aussi que, même si les Tunisiens ont gardé un très mauvais souvenir des spoliateurs El-Materi, Chiboub, Mabrouk et Trabelsi, ils n’avalent plus aussi facilement la pilule de la « dictature mafieuse » qui aurait ruiné la Tunisie. Le coup de com. de M6 et de Patrick Spica Productions était bien calculé, mais nos petits stratèges ont sous-estimé la maturité de l’opinion tunisienne après quatre années de régime islamo-mafieux qui leur a fait oublier les abus et les outrances des gendres et de l’épouse de Ben Ali.

Pour faire oublier ce ratage, M6 devrait peut-être préparer une Enquête exclusive sur le trésor caché de certains anciens ministres et présidents français. A moins d’attendre les prochaines élections présidentielles !
   
Nebil Ben Yahmed       
http://www.tunisie-secret.com/Contre-enquete-exclusive-pour-qui-roule-le-journaliste-de-M6-Bernard-de-La-Villardiere_a1109.html#last_comment
Le journaliste de M6 interviewant Amel Karboul. Photo prise par le photographe attitré de Marzouki et militant du CPR, Wassim Ghozlani.
Le journaliste de M6 interviewant Amel Karboul.
Photo prise par le photographe attitré de Marzouki
et militant du CPR, Wassim Ghozlani. 
NOTES
[1] ATCE :  L'Agence tunisienne de communication extérieure  (ATCE) est  une agence de propagande créée par BEN ALI afin de promouvoir son image à l'étranger.

Rached Ghannouchi quémande une interview avec Jean-Pierre Elkabbach

Dans le cadre des élections tunisiennes et du plan de marketing politique et médiatique conçu par la boite de communication américaine, la Burson-Marsteller, des dirigeants d’Ennahdha ont démarché Jean-Pierre Elkabbach pour qu’il reçoive Rached Ghannouchi dans son interview matinale d’Europe 1. Ils ont aussi activé certains anciens piliers du lobby bénalien en France, constitués de juifs tunisiens et d’hommes d’affaires musulmans, ex-rcédistes qui soutiennent à la fois Ennahdha et Nidaa Tounes.
Jean-Pierre Elkabbach, qui a longtemps hésité, aurait fini par accepter de recevoir l’islamiste très « modéré », mais sous condition : lui poser toutes les questions que certains journalistes tunisiens n’osent plus lui poser et que d’autres « confrères » du quotidien Le Monde s’interdisent par islamismophilie et eu égard aux relations historiques et « diplomatiques » entre la secte des Frères musulmans et l’officine parisienne !
Si la grande interview de Rached Ghannouchi devait avoir lieu, Jean-Pierre Elkabbach serait bien inspiré d’interroger son « illustre » invité sur ses deux dernières déclarations dans la presse tunisienne et arabe au sujet de Daesh et des Frères musulmans, déclarations qui dénotent le fond de sa pensée intégriste et la réalité de ses convictions djihadistes. Sur la réaction américaine à la barbarie islamo-fascistes de Daesh, Rached Ghannouchi s’est prononcé contre « l’usage de la force militaire ». Homme de « tolérance », il préconise le « dialogue » avec ces ennemis de l’islam et de l’humanité. Sur les Frères musulmans égyptiens, il s’est dit près à les accueillir en Tunisie, nouvelle terre d’exil et de replis stratégique de toute la racaille islamiste.

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