lundi 16 septembre 2013

Syrie : la bataille de l’énergie

Voir la vidéo ici.

Le Qatar a déjà misé plus de 3 milliards de $ sur le djihad takfiriste pour renverser le président syrien Bachar El Assad, seul obstacle à la mise en route du gazoduc Qatar Turquie dont la partie turque est déjà prête à recevoir le gaz qatari pour l’acheminer en Europe de l’Ouest connecté au Nabucco.

 
La dimension énergétique de la guerre contre le gouvernement syrien de Bachar El Assad a été dés le début dissimulée sous le qualificatif de "guerre civile" ou "guerre inter-religieuse sunnite/chiite.
 
En 2011 le Qatar a lancé un ultimatum au président syrien Bachar El Assad pour faire passer le gazoduc Qatar Turquie sur le territoire syrien. Assad a refusé et défiant le Qatar a décidé de s’allier avec l’Iran et l’Irak pour construire un gazoduc amenant le gaz de South Pars jusqu’en Méditerranée direction les marchés européens. La déferlante takfiriste financée armée par le Qatar a submergé la Syrie.
 
Erdogan à lui-même affirmé que la Turquie souhaitait établir avec le Qatar "une relation à long terme et stable" en matière énergétique. "Dans ce but, je pense qu’un gazoduc Qatar Turquie résoudra la question une fois pour toute" Parmi ces solutions il y a celle de relier le gazoduc Qatar Turquie - via la Syrie - au projet de gazoduc Nabucco pour transporter le gaz provenant de l’Asie Centrale et du Moyen Orient en Europe concurrençant directement le gaz russe. Un accord de transit pour le Nabucco a déjà été signé par Erdogan et 4 premiers ministres de pays européens pour permettre une décision finale sur les investissements à faire pour réaliser ce projet soutenu par l’UE et qui vise à réduire la dépendance européenne au gaz russe. Autre gazoduc qui pourrait être relié au Nabucco celui transportant le gaz egyptien via la Jordanie et la Syrie.
 
On comprend dés lors l’intérêt qu’ont les dirigeants de ces deux pays -Egypte et Jordanie - à participer activement au renversement du gouvernement de Bachar El Assad. Cela vaut aussi pour la complicité de l’UE et les attitudes va-t-en guerre extrêmistes de la Grande Bretagne et de la France.
 
On ne le répètera jamais assez la guerre contre la Syrie du président Bachar al Assad est une guerre pour la domination du marché des ressources énergétiques une guerre pour le gaz où chacun défend ses intérêts énergétiques soit en tant que producteur exportateur soit en tant que consommateur importateur.
 
Mais derrière les ambitions énergétiques du Qatar se cache aussi le maintien de l’hégémonie américaine des pétrodollars sur l’économie mondiale dont ont déjà été victimes Saddam Hussein et Muammar Khadafi. Source
 
Les cinq projets gaziers qui cherchent à gagner le marché européen :
 
1. Les deux premiers sont russes et reposent sur les considérables ressources de la Russie elle-même. À travers la mer Baltique, une première ligne « Nord stream » relie directement la Russie à l’Allemagne, considérée stratégiquement comme un important point de départ vers le continent européen. Partant de la mer Noire, la deuxième ligne du projet « South stream » passe par la Bulgarie avant de se diriger vers la Grèce, la Hongrie, l’Autriche et le nord de l’Italie, avec une capacité d’acheminement de 60 milliards de m3 par an.
 
2. Le troisième est le projet américain « Nabucco » qui repose sur les ressources du Turkménistan et de l’Azerbaïdjan. Il prévoit d’acheminer le gaz de la Turquie vers l’Europe en passant via la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, la Tchéquie, la Slovaquie, et l’Italie, avec une capacité de transport de 31 milliards de m3 par an. Prévu pour 2014, repoussé à 2017 pour problèmes d’ordre technique, son coût est désormais estimé à 21 milliards de dollars, et la course semble gagnée d’avance par la Russie. Ce troisième projet récupère les excédents du Turkménistan ; lequel est engagé dans un autre projet l’associant à la Chine, au Pakistan, à l’Azerbaïdjan et dont l’Iran s’est retiré au profit « du projet Iran-Iraq-Syrie ». À savoir que la plupart des puits turkmènes sont contrôlés par des multinationales basées en Israël tel que le groupe Merhav dirigé par Yosef Maiman, l’un des hommes les plus influents en Israël  ; et que la Turquie s’était précipitée pour réserver sa participation au projet, puisqu’elle devenait le carrefour du transit en plus de garantir la couverture de ses propres besoins. Elle a d’ores et déjà signé un contrat avec l’Azerbaïdjan pour l’achat de 6 milliards de m3 en 2017.
 
3. Le quatrième est donc « le projet Iran- Iraq- Syrie », les trois pays ayant signé en Juin 2011, un protocole d’accord pour l’acheminement du gaz iranien vers la Syrie en passant par l’Irak sur une ligne terrestre d’environ 1500 Kms [ 225 Kms en Iran, 500 Kms en Irak, 500 à 700 Kms en Syrie] qui traverserait ensuite la mer Méditerranée pour rejoindre la Grèce sans passer par la Turquie ! De plus, le projet faisait état de la possibilité pour l’Europe de s’approvisionner au niveau des ports syriens. Source
 
Lire également : La gazoduc Nabucco et les dynamiques internes à la Turquie. Article du Journal Le Monde du 24.08.2011